Le 18 mai 1980 (오일팔)

안녕하세요~

Aujourd’hui, je vais vous parler d’un événement important dans l’histoire de la Corée du Sud qui a eu lieu il y a exactement 37 ans. Le 18 mai 1980, dans la capitale de la province de Jeolla-do (au Sud Ouest du pays), un soulèvement d’abord étudiant puis populaire a eu lieu. Pendant 9 jours, la ville a tenu tête au gouvernement alors en place.

Mais avant d’entrer dans les détails, je vais d’abord vous parler du contexte.

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Depuis la fin de la Guerre de Corée en 1953, la Corée du Sud est loin d’être un modèle démocratique. Après l’assassinat du dictateur Park Chung-hee (박정희) en 1979, le gouvernement civil mis en place a bien dû mal à contenir les velléités des militaires. C’est ainsi que le 12 décembre 1979, le général Chun Doo-hwan (전두환), auteur d’un Coup d’Etat, s’empare du pouvoir.

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C’est dans ce contexte qu’une nouvelle année universitaire démarre en 1980. Les professeurs et étudiants bannis par le passé en raison de leurs idées politiques, retournent dans les universités. Ils se mobilisent pour que des réformes soient mises en place: abolition de la loi martiale (mise en place après l’assassinat de Park Chung-Hee), augmentation du salaire minimum et liberté de la presse.

15 mai: 100 000 étudiants manifestent à Séoul. Face à ce mouvement, le gouvernement de Chun Doo-Hwan se montre encore plus répressif et étend la loi martiale sur tout le pays (jusqu’à l’île de Jeju alors épargnée). Les Universités sont fermées, la presse est encore plus muselée, les activités politiques sont interdites, les opposants politiques et les leaders étudiants sont arrêtés. Parmi eux figure Kim Dae-jung (김대중), le principal leader politique à Gwangju  (et futur président du pays) qui sera condamné à mort puis finalement exilé aux Etats-Unis. De plus, pour que la loi martiale soit bien appliquée, l’armée fut déployée dans tout le territoire.

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Pour bien comprendre, il faut savoir que la région de Jeolla-do fut longtemps défavorisée, notamment par l’ancien dictateur Park Chung-Hee qui gratifia sa région natale de nombreuses faveurs économiques au détriments de Jeolla-do qui devint ainsi le berceau de l’opposition à la dictature.

18 mai: environ 200 étudiants se rassemblent devant l’université de Jeonnam (전남) pour contester sa fermeture. Ils font face à 30 parachutistes, et répondent par des jets de pierres aux attaques des soldats. Peu après, le mouvement se déplace dans le centre-ville où les manifestants sont rejoints par les habitants. La police locale est dépassée par le nombre de manifestant (environ 2000). L’armée envoie donc des renforts qui commencent une violente phase de répression. Manifestants, étudiants ou même passants sont attaqués avec des matraques ou mêmes des baïonnettes selon certains témoignages. Un jeune sourd de 29 ans, sera la première victime, battu à mort alors qu’il ne prenait même pas part à la manifestation.

Le 19 mai, alors que les violences s’accroissent dans la ville, de plus en plus d’habitants prennent part au soulèvement.

Le 20 mai, plus de 10 000 personnes protestent dans la ville. D’autres renforts de l’armée sont envoyés. Les manifestants lancent des pierres ou des cocktails molotov sur les soldats, mais la répression est féroce, les soldats matraquent, poignardent ou même jettent des manifestants du haut des immeubles. Ce même jour, des soldats tirent sur une vingtaine de jeunes filles du lycée central de Gwangju. Les ambulances et les taxis qui transportent les blessés à l’hôpital sont eux aussi mitraillés. Des étudiants et lycéens, mains liés avec du barbelé sont sommairement assassinés. L’hôtel de ville est pris par les manifestants et la station émettrice MBC (une chaîne coréenne) est brûlée quand les manifestants apprennent que la chaîne a fait état de seulement une victime civile. Le soir, les chauffeurs de bus et de taxi organisent une parade de soutien à la manifestation mais l’armée utilise des gaz lacrymogènes pour les faire sortir de leur voiture et les tabasser.

Le 21 mai, la violence à Gwangju culmine, en début d’après-midi les soldats ouvrent le feu sur les manifestants, tuant de nombreuses personnes. En réponse, les insurgés pénètrent dans les armureries, les postes de police et s’emparent des armes. La police locale refuse d’aider davantage l’armée, et les militaires matraquent les policiers qui aident les manifestants blessés. Armés de carabines, de fusils et même de deux mitrailleuses, les insurgés arrivent à repousser l’armée le 21 mai au soir.

Au matin du 22 mai, les troupes assiègent la ville en attendant des renforts. Pendant ce temps, dans la ville, des comités étudiants et populaires sont formés. Ces derniers, menés par des prêtres, des professeurs et des avocats tentent de négocier avec les militaires. Ils demandent, en échange d’un désarmement des milices populaires, la libération des prisonniers, un dédommagement aux victimes du soulèvement ainsi qu’une garantie d’absence de représailles. Le comité étudiant lui se charge des blessés, des funérailles, de la distribution des repas et de la gestion des armes.

Cependant, le 23 mai, un bus qui tente de quitter Gwangju est mitraillé. Faisant 17 morts.

Malgré l’isolement de la ville, certaines villes organisent des manifestations de soutien car les nouvelles du massacre se sont propagées dans la région. Si dans certaines villes ces manifestations se sont terminées sans bain de sang, ce n’est pas le cas partout: dans la ville d’Haenan, l’armée a aussi ouvert le feu sur les manifestants.

Le 27 mai au matin, l’armée reçoit l’ordre de reprendre la ville par la force. En 1h30 la ville est de nouveau au main des militaires.

Bilan: Selon les chiffres officiels de l’époque le nombre de victimes serait de 200 morts. Cependant, selon les organisations de défenses des droits de l’homme il y aurait eu plus de 2000 morts. Ce soulèvement sera décrit majoritairement par la presse comme étant composé de rebelles et de personnes favorables aux régimes communistes.

Cependant, à la suite de ce soulèvement, de nombreuses manifestations ont eu lieu en Corée tout au long des années 1980. Même si le général Chun Doo-Hwan resta au pouvoir jusqu’en 1988, où face à de fortes pressions, il autorisa des élections démocratiques. Il faudra attendre plus d’une dizaine d’années, et le processus de démocratisation pour que la lumière soit faite sur cet événement. En effet, ce n’est qu’en 1995, sous pression de la population, que l’Assemblée Nationale, votera une loi spéciale concernant le mouvement du 18 mai, autorisant la poursuite en justice des responsables du massacre et du Coup d’Etat. En 1996, l’ancien président Chun Doo-Hwan a été condamné à mort pour corruption et pour sa responsabilité dans le massacre, sentence qui a été transformé en prison à vie et en une amende de 220 milliards de Wons. Cependant, il fut gracié par le président Kim dans le cadre de la politique de réconciliation nationale.

Ce n’est qu’en 1997 que sera crée un cimetière national ou seront inhumés les corps des manifestants.

Le 18 mai est aujourd’hui une journée commémorative.

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Pour en savoir plus sur cet épisode de l’histoire du pays, nous vous proposons de regarder le film <May 18>.

 

 

 

 

 

 

 

 

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